Sept sur Sept
par le Hier, 14:46:23
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Élise n’avançait plus. Elle glissait.

Sa robe noire comme une ombre autour d’elle, son bracelet d’or fin au poignet tel une promesse d’obéissance muette, elle se mouvait dans ce théâtre de velours et de désirs, chaque pas comme un prélude. Elle s’assit sur le bord d’un fauteuil bas, croisant les jambes lentement, offrant au regard du Cercle une cambrure discrète, calculée, involontairement provocante.

Un souffle chaud lui effleura la nuque. Pas un mot.

Elle ne se retourna pas. Elle enregistra.

On l’avait remarquée.

Elle sentait la présence derrière elle. Proche, mais sans contact. C’était là toute la violence douce du lieu : on ne vous forçait pas, on vous attendait. Et ce silence tendu autour d’elle, cette absence de mots, décuplait chaque sensation. Chaque battement de son cœur semblait retentir contre sa cage thoracique. Sa respiration, qu’elle tentait de rendre calme, restait marquée d’un frisson nerveux.

Son regard se posa sur la scène. La femme tatouée d’Obéir était maintenant à genoux. Lentement. D’une grâce presque chorégraphique. Un des hommes s’était agenouillé derrière elle. Il ne la pénétrait pas. Il effleurait juste son dos nu avec l’extrémité d’un martinet aux lanières fines. Comme une plume. Il le faisait descendre, explorer l’échine, longer les omoplates, frôler la chute des reins. La femme tremblait. Ses cuisses s’écartaient de quelques centimètres. Juste assez.

Elle s’ouvrait au regard. Pas encore au sexe.

Élise sentit sa propre culotte se gorger de moiteur. Le tissu, délicat, ne cachait plus rien de l’état de son désir. Elle réprima l’envie soudaine de resserrer les jambes. Ce n’était pas la gêne, non. C’était la tentation de retenir un plaisir qui, déjà, se tissait en elle. Un plaisir qu’elle n’avait pas provoqué. Juste reçu.

Une main, enfin, se posa sur son épaule.

Lente. Large. Ferme.

Élise sursauta à peine. Elle s’était attendue à ce qu’on l’approche. Mais pas à ce que ce simple contact soit si… électrique. Elle sentit la chaleur de la paume à travers la fine bretelle de satin, comme si sa peau elle-même s’était tendue sous l’injonction muette de cette main.

— Ne vous retournez pas, dit une voix d’homme. Basse. Grave. Précise.

Elle obéit. Immédiatement. Cette voix était une clef. Elle la déverrouilla.

— Vous êtes… belle à observer. Et vous sentez délicieusement prête.

Un frisson la parcourut. La main glissa le long de son bras, lentement, jusqu’à son poignet. Là où brillait le bracelet. Il le toucha, du bout des doigts. Comme s’il lisait en elle.

— Vous savez ce que cela signifie, Élise ?

Elle hocha la tête. Incertaine. Mais avide.

Il s’agenouilla derrière elle, elle le sentit sans même le voir. Sa voix vint se loger dans le creux de son oreille.

— Cela signifie que, ce soir, vous êtes à regarder. Peut-être plus. Si vous y consentez. Mais surtout… vous êtes à ressentir.

Il effleura son dos, juste au niveau de la fermeture de la robe. Un soupir s’échappa de ses lèvres, qu’elle mordit aussitôt. Pas un cri. Pas encore.

Sa main glissa vers son flanc. Vers sa hanche. Elle sentit ses doigts hésiter un instant sur le tissu. Puis, d’un geste fluide, il remonta la robe sur sa cuisse. Lentement. Très lentement.

Le satin glissa. Se souleva.

L’air frais de la salle effleura sa peau nue. Puis sa culotte, dont le tissu de dentelle noire, humide à l’extrême, révéla l’intensité de son trouble.

— Vous êtes mouillée, Élise, murmura-t-il. Et vous l’êtes pour un lieu. Pour un regard. Pas encore pour une caresse.

Il passa un doigt le long du tissu, sans appuyer. Elle étouffa un gémissement, sa respiration s’accéléra. La honte aurait pu la submerger, mais elle se dissolvait dans cette moiteur assumée. Elle voulait être vue ainsi. Peut-être même, à cet instant, offerte.

La main s’éloigna. Il se redressa.

— Ce n’est pas moi qui vous caresserai ce soir, dit-il. Pas encore. Mais il y a quelqu’un que vous devriez rencontrer. Elle saura vous accueillir.

Un silence. Puis il ajouta :

— Le Cercle vous voit, Élise. Mais ce n’est qu’un début.

 

 

Quelques instants plus tard, elle fut guidée vers une alcôve. Le rideau fut tiré derrière elle. Et là, dans cette semi-obscurité, une femme l’attendait. Plus âgée. Élégante. Autoritaire.

Assise dans un fauteuil, jambes croisées, elle fixait Élise avec un calme troublant.

— Enlevez votre robe, ma chère.

Ce n’était pas une question.

Élise obéit. Le tissu glissa sur son corps, révélant sa lingerie. Son corps. Son abandon.

La femme se leva, s’approcha, effleura sa joue du dos de la main. Puis glissa un doigt sous la bretelle de son soutien-gorge. Elle ne parlait pas. Mais elle lisait en elle. Exactement comme promis.

— Je vois en vous une novice… mais pas une innocente.

Elle approcha ses lèvres de son oreille.

— Vous sentez cette chaleur entre vos jambes ? Ce n’est pas du désir. C’est un appel. Vous voulez être instruite. Initiée. Possédée. Pas par un sexe. Par une cause.

Le souffle de la femme sur sa peau la fit frissonner de tout son long.

Puis, comme une caresse invisible, un bandeau de soie noire vint lui couvrir les yeux.

Et le noir devint un monde.

Les autres épisodes : https://www.bdsm.fr/blog/tag/ombresdelob%C3%A9issance/

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ombeline
J´avoue être très sensible à la lente progression du scénario qui permet presque de l´intérioriser en le re´dans inconsciemment plausible et désirable. La qualité de votre plume y contribue aussi grandement. Merci pour ces moments de partage initiatique. Respectueusement, marie
J'aime Il y a 4 heure(s)